Allô la terre ! allô madame la terre je t’appelle de chez moiY a mon grand frère et y a mon grand-père qui sont làIl faut que tu nous dises, il y a des choses, on comprend pasJ’ai que dix ans, je suis un enfant, j’ai la peau noire comme un bout d’zanRien qui ne vaille, j’suis d’la racailleDans la cité rien n’est offertOn fait sa toilette au kärcherY a rien pour jouer, j’ai pas une bille c’est clair
Grand-père y dit ne t’inquiète pas pour les billesAssied toi là, écoute et reste tranquilleIci on nous laisse un taudis, sinon faut r’tourner au paysLà-bas on t’casse les dents avant qu’t’ais comprisAlors ce soir, on veut savoir le fin mot de l’histoireSi v’nir au monde, c’est un vrai traquenardMon grand frère, il est en guerre avec tout l’monde et nique ta mèreLa mère c’est qui sinon toi… la terre.
Regarde autour de toi, ça s’entre déchire, ça se tue, ça se batTu r’sembles à un cimetière la terre.Hé la mère!Y a tes enfants qu’ont faimBouge toi les hémisphères.Donne nous de ta rondeurOu pète une colère, fais-nous peur
Depuis le temps qu’on te marche dessus, tu laisses tout faire, comme si c’était prévuEst-ce qu’on avance, est-ce qu’on recule, comment veux-tu qu’on s’articuleEst-ce qu’on se trompe sur toute la longueur ?Avec ma copine Fatima on s’raconte des histoiresOn s’dit que quand on s’ra grand on f’ra des enfantsElle sait comment faut faire. C’est pas qu’on soit presséMais qu’est-ce qu’on va leur raconter, la terreMais qu’est-ce qu’on va leur raconter, ma mère.Mais qu’est-ce qu’on va leur raconter ?
Petit bonhomme t’es un enfant de l’universPas moins qu’un arbre, une étoile, un vers de terreTu es partout chez toi, tu peux manger comme un roiMême le pain noir a des vertus salutairesSalut la terre